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History

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Du style en histoire de l’art

En prolongement d’une réflexion qu’il s’était faite à la lecture d’un très intéressant billet de Dominique Tilloy sur la vulgarisation scientifique, François-Ronan Dubois nous livre un très beau papier sur la question du style dans les études littéraires. Il est plaisant de lire cet article alors que la veille nous déplorions avec quelques collègues le caractère abscons de certains appels à communication dans le champs des médias-studies. Et je ne peux m’empêcher de penser à ma propre discipline, l’histoire de l’art, qui est souvent traversée par cette velléité littéraire. Mais aussi plus largement au domaine des sciences historiques où la question du style et de l’écriture de l’histoire a récemment été reposée par Ivan Jablonka[1] dans un manifeste qui paraît répondre au regain d’intérêt pour les approches quantitatives ou même porter en creux une critique des approches formelles parfois adoptées dans les humanités numériques.

Si j’ai toujours voulu devenir chercheur, enfant je me destinais plutôt à une carrière en sciences de la vie ou de la terre. C’est donc avec le sentiment tenace d’être entré par effraction que j’ai poursuivi des études dans une discipline jugée littéraire. Je ne peux d’ailleurs m’empêcher de penser que mon intérêt pour les humanités numériques et l’emploi du numérique en histoire de l’art constituait en quelque sorte une manière de résoudre cette tension entre une aspiration scientifique et un goût pour les arts. Que dire donc du mélange de stupéfaction et de stupeur lorsque j’ai vu saluer la qualité du style de ma thèse par mes examinateurs ! là où j’avais simplement cherché une écriture ramassée et la plus rigoureuse possible.

Au-delà de la dénonciation de la volonté d’obfuscation si bien mise en évidence dans le mémorable article de Pierre Bayard[2], l’article de François-Ronan Dubois, je mets surtout en rapport son propos avec des débats qui ont parfois porté sur des projets utilisant des méthodes quantitatives ou d’autres formes d’objectivation dans des projets numériques. J’ai notamment à l’esprit la violente critique qui s’était élevée à propos d’une visualisation de données sur les romans de Victor Hugo. À l’époque la polémique laissait penser que les études culturelles étaient irréconciliables avec les approches objectives.

[2] Pierre Bayard. « Comment rendre un texte incompréhensible. » Agenda de la pensée contemporaine, n° 10, printemps 2008.

[1] Ivan Jablonka. L’histoire, une littérature contemporaine. Manifeste pour les sciences sociales. Librairie du XXIe siècle Paris : Seuil, 2014. EAN 9782021137217