Skip to content

Latest commit

 

History

History
108 lines (63 loc) · 13.6 KB

comArchi2017-02.md

File metadata and controls

108 lines (63 loc) · 13.6 KB

Une prosopographie des membres du Conseil des bâtiments civils

Communication Séminaire profession architecte, 28 avril 2017

Bonjour à tous,

Avec cette courte intervention, plutôt que de présenter les résultats d’un travail qui est par ailleurs disponible dans ma thèse, je voudrais d’abord répondre à l’invitation formulée par Dominique Massounie au début de ce séminaire d’aborder des questions méthodologiques et ici suggérer des collaborations.

Défense de l’opinion

Depuis quelques années, notamment sous l’impulsion de Claire Lemercier et d’Emmanuelle Picard, l’approche prosopographique a connu un certain regain d’intérêt. Pour elles, la prosopographie telle qu’elle se pratique "est une sorte de style de recherche, quelque chose de moins nettement défini en tous cas qu’une méthode, de moins rigide qu’un courant ou une école." "D’où en quelque sorte la variété du vocabulaire utilisé pour en parler : proposographie, études de carrières, de trajectoires, de cycles de vie, études longitudinales, biographies collectives, de groupe, de masse, sociographie, etc."

Bien souvent la prosopographie consiste en la production de fiches aux rubriques standardisées supposées représenter les parcours des individus étudiés. À partir des renseignements collectés, il devient possible de produire des classement, des typologies, de conduire des comparaisons, des analyses et toutes une série d’opération que permettent l’accumulation de données. "Des fiches aux fichiers, il s’agit de passer d’une approche biographique, indispensable, à un regard qui permet de dégager des portraits collectifs, en effectuant des allers-retours entre les trajectoires individuelles et les trajectoires collectives." (Christian Bougeard, François Prigent)

La proposopographie peut donc devenir un instrument fécond qui donne à voir des trajectoires individuelles dans toute leur complexité et leurs interactions au sein d’un milieu professionnel. Elle peut donc être un moyen de tester des hypothèses, de répondre à nos pourquoi questions sur une population données, de tenir à la fois un propos sur des tendances générales, ses normes sociales et sur l’exceptionnalité de certains parcours.

J’ai été amené à produire une prosopographie dans le cadre de ma thèse. Cette description riche et contrôlée m’a permis de mieux circonscrire, à l’appui d’une démonstration, un groupe professionnel bien particulier, celui du Conseil des bâtiments civils. Plus généralement, cette recherche m’a également permis d’identifier des sources qui pourraient être, je crois, utiles aux historiens du XVIIIe siècle et de mettre en œuvre des méthodes efficaces de recueil qui pourraient sans doute d’être généralisées.

  • Importance de tirer partie de sources encore inexploitées
  • Prêter une plus grande attention à la composition des agences et aux fonctions.
  • Nécessite de déployer des approches collaboratives pour avancer.

Des sources en partie inexploitées

Ma thèse de doctorat consistait en réalité en la production d’une monographie administrative. Son sujet se plaçait à la croisée de l’histoire de l’art et de l’histoire administrative, puisqu’il s’agissait de faire l’histoire d’une institution architecturale. En choisissant un tel sujet, je fuyais plutôt l’idée du génie, du grand homme, etc. pour m’intéresser aux conditions de production, à la production de l’espace normatif de l’exercice architectural.

Pour autant, ce rejet de l’approche biographique, ne supposait par pour autant de totalement ignorer les agents. Ce qui m’intéressait, c’était aussi de pouvoir comprendre les dynamiques collectives à travers les parcours individuels et le comportement de ces acteurs aux sein de ce cadre institutionnel.

Il me semble ici important d’indiquer d’emblée la continuité qu’on observer avec le 18e siècle. Si la création de l’administration des Bâtiments civils définit le nouveau cadre de la pratique de l’architecture publique, à la rupture institutionnelle, ne répond pas nécessairement une rupture dans le choix des agents. Bien sûr la création du service des bâtiments civils est notamment la conséquence de l’accession à une place prédominante d’un personnage comme Rondelet qui pose les bases de son fonctionnement. Toutefois, l’expression des courants est difficile à dégager au sein du conseil. En tous les cas, on observe une remarquable continuité des carrières entre l’Ancien Régime et le début du XIXe siècle.

Cette approche m’a aussi permis de contredire un certain nombre d’idées reçues à l’égard du Conseil des bâtiments civils.

  • D’abord l’assimilation hâtive du Conseil avec l’Académie s’est révélée essentiellement déterminée par l’historiographie de la seconde moitié du XIXe siècle. Pour les architectes, l’Institut ne remplaça jamais complètement l’ancienne Académie royale d’architecture. La présence des académiciens au Conseil n’est pas dominante, et la place précède le plus souvent la nomination.
  • L’âge moyen des membres, la durée des fonctions, et l’étude de la composition permet également d’éclairer la nature du travail, les positions plus ou moins dominantes à l’intérieur de l’institution.

Sources largement inexploitées dans les dossiers de personnels conservées dans F13 et F21, qui permettent de reconstituer partiellement les carrières, y compris au 18e siècle, à partir des états de services ou de pétition d’emploi ou encore d’admission à la retraite. Des sources dont une exploitation plus systématique permettrait certainement d’étudier finement un milieu professionnel parisien, celui des architectes du gouvernement.

Prêter une plus grande attention à l’étude des agences

Grâce à l’heureuse initiative de Guy Lambert, Chantal Callais et Catherine Bruant, trois séminaires de recherche tenus entre 2012 et 2013 ont permis de s’intéresser, à l’époque contemporaine, à la figure de l’architecte de fonction. Plus récemment, la publication de la thèse de Maxime Lhéritier souligne l’importance de l’administration des bâtiments civils dans l’émergence du modèle de l’agence d’architecture.

À première vue, il s’agirait donc d’étudier un cercle relativement restreint d’architectes, mais il convient ici de souligner le rôle fondamental des agences de travaux dans la carrière. Au-delà des places d’inspecteur général, ou d’architecte en chef d’un édifice, une telle étude suppose d’inclure les places subalternes d’inspecteur des travaux, de contrôleur pour bien comprendre les dynamiques professionnelles à l’œuvre.

  • rompre avec l’idée que l’architecture consiste dans la première moitié du siècle en une production originale d’un contributeur unique, elle est déjà le produit de collaborations
  • tenir compte des logiques d’avancement dans la carrière et de l’ensemble limité de places offertes en fonction des chantiers ouverts pour renseigner les trajectoires biographiques
  • ne pas ignorer la diversité des métiers et des fonctions effectives, ne pas oublier les fonctions administratives qui constituent parfois le fonds de l’activité

Il s’agit de tenir compte du rôle des agences et des chantiers dans la carrière. Dans la formation des jeunes architectes d’abord, des relations professionnelles qui s’y nouent, mais de leur rôle dans les dynamiques professionnelles, en fonction du jeu des places successivement disponibles. Mais aussi de prendre en compte l’ensemble des places qui, si elles ne sont pas celles d’architectes en Chef, restituent mieux la démographie architecturale et la réalité du métier.

Pourquoi mettre en fiche vos biographies ?

Qui dit prosopographie, dit souvent base de données. Définir, classer, compter : l’approche prosopographique en histoire (cf. Lemercier). Fiches aux rubriques standardisées destinées à représenter les parcours des individus dans une approche descriptive. Dès lors, on peut se mettre à classer les renseignements collectés, construire des typologies ou répondre à un certain nombre de questions.

Modèle de la base de données, possible, mais aussi agrégation et contenus dans une perspective de Linked Open Data. Plusieurs initiatives en cours de la part du Ministère de la Culture et de la Communication pour publier un référentiel des personnes et un outil de gestion (Onoma). Travail qui nous a montré que plusieurs modèles de description pouvaient être adoptés pour décrire des personnes.

La solution que j’ai retenue pour ce travail est plus proche de l’édition structurée. Celle-ci présentait de mon point de vue plusieurs avantages.

  • information répétée peu importante
  • inconvénients des formulaires de saisie
  • possibilité de fournir un index pour des publications et d’inscrire la publication dans un environnement plus riche

Utilisation de la Text Encoding Initiative, un standard d’édition structurée applicable aux éditions de textes littéraires et historiques. Mise au point d’un modèle de document reposant largement sur l’utilisation du module namesdate pour la saisie de l’information biographiques. Ici, l’utilisation de l’édition structurée permet de marquer à l’intérieur du texte l’information afin de pouvoir immédiatement fournir un contenu publiable qui reste accessible pour diverses manipulations ou évaluations quantitatives.

exemples :

  • Âge d’entrée au Conseil / Durée de présence au Conseil
  • Composition du Conseil des bâtiments civils (en nombre, selon les organisations, benjamin, aîné)
  • Prix de Rome, Académiciens, non académiciens
  • élèves de ?

L’analyse de réseau

L’un des moteurs principaux du renouveau de l’approche prosopographique réside dans l’intérêt croissant à l’égard de la notion de réseau.

Aurait pu produire un réseau à partir des noms balisés dans le texte. Mais ce genre de recherche n’est en soi pas très intéressant si l’on ne type par les relations. Surtout, je suis ici encore loin des comparaisons de groupes que peut légitimement attendre de ce genre d’exercices.

Travailler ensemble. Dimension collaborative possible.

  • collaborer et lier des référentiels existants
  • Distribuer vers Wikidata des données d’autorité

N’aurait pas été possible sans la mise à disposition par d’autres chercheurs. Quelles sources pour un dictionnaire

  • Dictionnaire de Michel Gallet qui reste l’ouvrage de référence en dépit d’importantes lacunes et l’absence d’informations sourcées qui donne parfois lieu à des confusions.
  • Répertoire des architectes révolutionnaires* établi par Werner Szambien et publié dans la Revue de l’art.
  • Allgemeine Künstlerlexikon (AKL), successeur du Thieme-Becker publié par Saur. Premier volume publié en 2005, aujourd’hui lettre P (Pellegrina publié en novembre 2016), finalisation prévue en 2020. Devenu une édition entièrement CD-Rom depuis 2009. En 2011, De Gruyter a décidé une restructuration éditoriale en renonçant à son bureau éditorial et son équipe de rédacteurs salariés de Leipzig, au profit d’une collaboration éditoriale avec l’Institut central d’histoire de l’art de Munich, annoncée le 19 janvier 2011 [2].
  • Base de données de dépouillement des pétitions reçues au Conseil des bâtiments civils, opéré sur la suggestion de Françoise Hamon en 1999 sous la direction de Béatrice Bouvier. Données du Centre André Chastel, versées à l’Institut Français d’Architecture et aujourd’hui en partie disponible dans les bases de la Cité de l’architecture sur Archiwebture.
  • Nouveau projet porté par les écoles d’Architecture, intitulé Archipédie ?
  • Dictionnaire des élèves architectes de l’école des Beaux-arts* de Marie-Laure Crosnier Leconte, Base Agorha

Évaluation

Dépouillement systématique effectué

Quelques ccl

  • travail collectif nécessaire car les agences de travaux, un autre point de vue
  • qui dit collectif dit besoin approches cumulatives, méthode

Modèle traditionnel de la biographie qui peut donner lieu à deux types d’approches tout à fait distinctes, celles-ci ne s’excluant évidemment pas complètement l’une l’autre.

  • approche monographique qui cherche à donner sens à la carrière
  • approche peut-être plus modeste, mais utilise, qui consiste à parvenir à colliger des faits historiques épars.

Pour l’architecture de la première moitié du XIXe siècle et la fin du XVIIIe siècle, les connaissances sont encore tellement éparses qu’on peut sans doute dire que cette dernière doit précéder la première.

Mais tout aussi modeste qu’il soit, un tel projet implique la mise en place d’une infrastructure minimale. Cependant, les enjeux sont considérables. En effet, c’est une multitude d’architectes, encore peu connus qu’il s'agit de ressusciter. Les travaux actuels – notamment ceux présentés au cours de ce séminaire – permettent déjà largement de sentir que la diversification du métier d’architecte, ses spécialisations avec les architectes experts, les toiseurs vérificateurs, ou les dessinateurs apparaît déjà largement à la fin du XVIIIe siècle. La mise en place d’un projet prosopographique, est donc la condition pour pouvoir faire une histoire sociale de la profession et des conditions d’exercice de l’architecture qui permettra elle-même en retour d’informer la biographie dans son acception la plus traditionnelle.